rencontre 2 : Noé ou le nouveau commencement

« Tout est lié, et la protection authentique de notre propre vie comme de nos relations avec la nature est inséparable de la fraternité, de la    justice ainsi que de la fidélité aux autres » (extrait Laudato Si §70p. 60)


LIVRE DE LA GENÈSE 7, 11-24
11 L’an six cent de la vie de Noé, le deuxième mois, le dix-septième jour du mois, ce jour-là, les réservoirs du grand abîme se fendirent ; les vannes des cieux s’ouvrirent.
12 Et la pluie tomba sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits.
13 En ce jour même, Noé entra dans l’arche avec ses fils Sem, Cham et Japhet, avec sa femme et les trois femmes de ses fils.
14 Y entrèrent aussi tous les animaux selon leur espèce, tous les bestiaux selon leur espèce, tous les reptiles qui rampent sur la terre selon leur espèce, et tous les oiseaux selon leur espèce, tout ce qui vole, tout ce qui a des ailes.
15 Couple par couple, tous les êtres de chair animés d’un souffle de vie entrèrent dans l’arche avec Noé.
16 Ceux qui entraient, c’était un mâle et une femelle de tous les êtres de chair, comme Dieu l’avait ordonné à Noé. Alors le Seigneur ferma la porte sur Noé.
17 Et ce fut le déluge sur la terre pendant quarante jours. Les eaux grossirent et soulevèrent l’arche qui s’éleva au-dessus de la terre.
18 Les eaux montèrent et grossirent beaucoup sur la terre, et l’arche flottait à la surface des eaux.
19 Les eaux montèrent encore beaucoup, beaucoup sur la terre ; sous tous les cieux, toutes les hautes montagnes furent recouvertes.
20 Les eaux étaient montées de quinze coudées au-dessus des montagnes qu’elles recouvraient.
21 Alors expira tout être de chair, tout ce qui va et vient sur la terre : oiseaux, bestiaux, bêtes sauvages, tout ce qui foisonne sur la terre, et tous les hommes.
22 Parmi tout ce qui existait sur la terre ferme, tout ce qui avait en ses narines un souffle de vie mourut.
23 Ainsi furent effacés de la surface du sol tous les êtres qui s’y trouvaient, non seulement les hommes mais aussi les bestiaux, les bestioles et les oiseaux du ciel ; ils furent effacés de la terre : il ne resta que Noé et ceux qui étaient avec lui dans l’arche.
24 Et les eaux montèrent au-dessus de la terre pendant cent cinquante jours.
Source : https://www.aelf.org/bible/Gn/7

Première oeuvre étudiée

Le récit de Gn 6-9 selon Hans Baldung-Grien

Le contexte : époque et conditions de réalisation de cette œuvre

Le Déluge

Vers 1516

H. 81 ; L. 64

Huile sur bois

Historisch Museum des Stadt, Neue Residenz Bamberg (Allemagne)

Hans Baldung Grien (1484 – 1545)

Hans Baldung dit Grien (en raison de sa prédilection pour la couleur  verte).

Il compte parmi les grands artistes du XVIe siècle germanique.

Graveur, dessinateur, peintre et vitrailliste.

Né en Souabe, il appartient à une famille d’érudits. Ce peintre au style très singulier, a passé l’essentiel de sa carrière à Strasbourg, après un passage dans l’atelier d’Albrecht Dürer à Nuremberg. Son œuvre se caractérise par un vaste registre thématique (religieux, profane, mythologique et allégorique) et une grande variété de supports : panneaux peints aux riches palettes acidulées, dessins à la précision naturaliste, estampes d’une puissance créative hors du commun. L’originalité de ses formulations touche aussi bien ses thèmes de prédilection, scènes macabres ou de sorcellerie, que les subtils portraits de ses contemporains ou les tableaux liturgiques ou allégoriques. Son art appartient à la fois à la Renaissance et au maniérisme.

De 1512 à 1516, il travaille à Fribourg-en-Brisgau où il exécute son chef-d’œuvre, le retable du maître-autel de la cathédrale.

De retour à Strasbourg en 1517, il y restera jusqu’à sa mort.

Le Déluge montre la dualité de son tempérament qui s’exprime dans une composition très animée, avec des couleurs dissonantes.

Analyse de l’image

Le tableau, de format vertical, est centré sur « l’arche », un parallélépipède surmonté d’un « toit » qui évoque une maison à pignon ou un coffre (volume massif et clos, couleur ocre et rouge).

Deux interprétations possibles :

     – il s’agit d’une maison à colombage et pignon, comme on en trouve dans les pays germaniques, mais on peut relever une incohérence par rapport au récit biblique : manque d’ouvertures, comparaison avec la taille humaine (la taille attendue se doit d’être gigantesque pour héberger tout le monde !),

     – il s’agit d’un coffre.

Pourquoi lui donner l’apparence d’une maison à colombage de l’époque contemporaine du peintre ?

L’immobilité de l’édifice renforce la sensation de malaise : s’agit-il d’une maison, compromise dans ses fondations par un cataclysme, ou bien d’un engin dont les qualités nautiques sont contestables ?  

On a du mal à interpréter la taille des personnages, géants s’il s’agit d’une maison, « normaux » si on les compare aux animaux. De toute façon, personnages inadaptés si l’on envisage Noé et sa famille de la même taile, passant 40 jours dans le coffre.

La masse nuageuse, occupant le haut du tableau, normalement perçue en premier, est compacte, sombre, répulsive, de matière extrêmement dense, comme percée ou déchirée  de traits de lumière.

Cette masse se dégrade, à gauche en traits de pluie qui brouillent la vision de l’horizon, à droite la lumière oblique offre une échappée.

L’horizon lui-même, difficile à situer, semble souligné ou repris par les lignes de la corniche de l’arche

Cette masse nuageuse repousse le regard vers le bas, qui par contraste, paraît plus « intéressant », du fait de la profusion des détails : les corps humains, représentés nus pour la plupart.

Ces personnages, bien que dans des situations dramatiques, provoquent plus le dégoût que la pitié ou la sympathie : les couleurs dans des tonalités fades et froides, l’impression de grouillement en même temps que la juxtaposition de scènes de solitude et d’impuissance, provoquent plutôt la répulsion, de même que les animaux noyés.

Enfin, la répartition des masses rocheuses et des coulées d’eau évoque bien un engloutissement et accentue le malaise.

Les seules vagues représentées évoquent tout autant un monstre marin que le mouvement de la montée des eaux.

Les rayons solaires, qui percent la nuée, attirent l’attention ; plus ou moins lumineux, ils touchent le sommet de l’arche. On note également un rayon isolé sur la gauche du tableau. Ces différents rayons n’ont pas la même origine (située hors du tableau) mais le rayon « solitaire » et la limite des rayons touchant les toitures à droite forment un point de convergence avec l’axe de symétrie verticale de la façade de l’arche.

L’image détermine la place du spectateur

La perspective permet de dégager un premier plan important tant par l’espace qui lui est donné que par la tragédie qui s’y déroule. L’horizon est très haut dans le tableau.

Chacun des personnages est seul, nu, et réduit à l’impuissance, usant de moyens de salut dérisoires et personnels.

Il n’y a dans cette scène aucun appel, ni regard, ni geste vers le spectateur ; au contraire l’arche est complètement fermée, elle oppose une façade aveugle à notre regard.

Par rapport à l’arche « inclinée », le spectateur ne peut que se sentir « vertical » et « central ».

Devant lui, s’ouvre un espace ambigu qui ressemble à un chemin partant du centre et montant vers la gauche (ou bien il s’agit d’une masse d’eau qui arrive en descendant vers le spectateur …). De part et d’autre on a, à gauche, un espace encore émergé, à droite un abîme liquide.

La même ambiguïté concerne le ciel : on est « conduit » vers la gauche, partie sombre du tableau, en plein cataclysme, par la perspective, alors que la partie droite, lumineuse, offre un au-delà inaccessible.

Le rapport au texte biblique

Le jeu sur la disposition et la différence d’échelle attirent l’attention sur le début du récit et le débordement de la violence qui menace l’ordre du monde.

Baldung crée un sentiment de malaise lié à la taille des humains par rapport à l’arche.

Par ailleurs, l’arche elle-même ne correspond pas à la description des mesures bibliques. Baldung ne s’inspire ici ni du monde de la marine, ni du conte biblique, mais il actualise librement en fonction de l’architecture des maisons germaniques … on s’attendrait donc à trouver des fenêtres sur les façades … or, leur absence, ainsi que les ferronneries, évoquent davantage un coffre.

Il semble que cette interprétation soit le fruit d’une lecture du texte grec de la Bible : dans ce texte « l’arche » est bien un « coffre » … et les traducteurs vont employer le même mot pour parler de l’arche d’alliance (Ex 25) dans laquelle Moïse place les tables de la Loi.

Il y a donc beaucoup plus une volonté de fidélité au texte biblique qu’un souci de vraisemblance ou de réalisme.

Enfin, en donnant une forme pointue au « pignon » de la façade et en la soulignant par les rayons lumineux, Baldung retrouve bien la description biblique du « toit » de l’arche.

Baldung ne garde de l’entrée de Noé, de sa famille, et des animaux dans l’arche, que l’idée d’un « trésor » (coffre cadenassé) dont Dieu aurait la clé ; il reprend ici fidèlement le v.16 du ch.7 « Le Seigneur ferma la porte sur lui ».

La seule trace de vie apparaît tout en haut dans les lucarnes du pignon avec les oiseaux, difficiles à interpréter ; pas d’allusion aux couples d’animaux ni à Noé.

Cette arche porte donc en elle une alliance unilatérale et inconditionnelle voulue par Dieu et universelle.

La théologie de l’œuvre

Au contraire de la plupart des peintures du déluge qui sont assez descriptives (bateau, couples d’animaux, personnages de la famille de Noé …) Baldung a la volonté d’éviter l’anecdotique, en même temps qu’une recherche savante sur le texte biblique. L’artiste a eu le souci du texte ancien grec … Le symbolisme utilisé n’est pas le fruit de l’imagination, mais exprime la volonté de fidélité à l’essentiel exprimé par le texte.

Dieu sauve, uniquement par sa volonté, son choix personnel, un tout petit « reste » considéré comme précieux (coffre à cadenas !) et comme « juste ». Le tour de force de Baldung est de ne pas représenter Noé mais de donner une idée de ce que peut être la justesse ou la justice de ce petit reste choisi. Ce sont les rayons solaires qui manifestent cette élection – protection divine.

Enfin, Baldung fait volontairement l’amalgame entre l’alliance avec Noé et l’alliance avec Moïse, nous proposant ainsi une histoire des alliances dans un raccourci symbolique.

L’actualisation de l’arche en maison de style germanique, l’atmosphère apocalyptique invitent à interpréter l’histoire contemporaine comme une histoire des alliances successive, renouvelées par Dieu, et y intègrent l’idée d’une église-refuge pour un peuple choisi.

Le coffre est scellé, dans l’attente du retour messianique, quand l’histoire se révèle en crise.

On ne peut manquer de penser ici à une théologie baptismale où il s’agit de mourir à soi-même pour renaître à Dieu.

Deuxième oeuvre étudiée

Le récit de Gn 6-9 selon Edward Hicks

Le contexte : époque et conditions de réalisation de cette œuvre

Arche de Noé (Noah’s Ark)

1846

H. 66,8 ; L. 77,1

Huile sur toile

Museum of Art, Philadelphia (Etats-Unis)

Edward Hicks (1780 – 1849)

Peintre américain naïf et primitif.

Membre de la Société religieuse des Amis (quakers).

La mère de Hicks mourut lorsqu’il était encore un nourrisson et la famille qui l’éleva, était de tradition quaker. Hicks adopta lui aussi cette religion et devint un ministre itinérant. Il débuta sa carrière en tant qu’apprenti auprès d’un constructeur de fiacre. Il y apprit à peindre des décorations sur les véhicules. Plus tard, il lança sa propre affaire, dédiée à la décoration de meubles et de divers objets.

La foi de Hicks entra parfois en contradiction avec sa carrière artistique. En fait, il fut beaucoup critiqué par ses coreligionnaires pour s’être investi dans une « activité temporelle ». Pendant un moment, il renonça à la peinture, avant de trouver le moyen de concilier sa foi et son travail en réalisant des peintures dédiées à divers aspects de la religion quaker.

Ses toiles les plus connues sont sans doute les diverses versions de Peaceable Kingdom.

Les quakers

La Société religieuse des Amis est un mouvement religieux fondé en Angleterre au XVIIe siècle par des dissidents de l’Eglise anglicane. Il se différencie de la plupart des autres groupes issus du christianisme par l’absence de credo et de toute structure hiérarchique.

Les membres de ce mouvement sont communément connus sous le nom de quakers.

Pour les quakers, la croyance religieuse appartient à la sphère personnelle et chacun est libre de ses convictions. Le concept de « lumière intérieure » est cependant partagé par la plupart d’entre eux, quelle que soit la signification donnée à ces mots. De nombreux quakers reconnaissent le christianisme mais ne ressentent pas leur foi comme entrant dans les catégories chrétiennes traditionnelles.

Analyse de l’image

L’image impose son horizontalité : le message essentiel passe par cet axe horizontal bas-haut, l’horizon étant haut (tiers supérieur). L’élément terrestre est important (deux tiers bas et milieu) et rempli (la terre avec les animaux/tiers bas, l’eau avec l’arche/tiers du milieu).

L’œil reste immobile, il n’a pas à se déplacer pour « lire », sauf de bas en haut. Le sujet central y prend donc d’autant plus d’importance et on peut relever une progressivité dans la lecture : au premier plan, les animaux, rangés par couple d’espèces, se dirigent vers l’arche ; au deuxième plan, la porte de l’arche est ouverte et les animaux embarquent calmement, l’étendue d’eau est immobile ; au troisième plan, les nuages, en masse compacte, occupent tout l’espace, annonciateurs du déluge imminent.

L’impression de perspective est donnée par le décor statique.

La lumière vient de la gauche (tiers supérieur) et le mouvement de la droite : cheval blanc qui avance son antérieur gauche (tiers inférieur), vaguelettes autour de l’arche provoquées par le vent (tiers du milieu), nuages noirs dans lesquels disparaît déjà le feuillage de l’arbre situé le plus à droite (tiers supérieur).

     – les animaux 

Ils occupent une grande partie de l’espace. Les couples, un mâle et une femelle de chaque espèce, avancent sagement alignés en direction de la passerelle, pour pénétrer dans l’arche. On reconnaît facilement des animaux domestiques (vache, cheval, âne, brebis/bélier, chèvre), des animaux sauvages (cerf/biche), des animaux exotiques (lion, zèbre, girafe, chameau, éléphant, dromadaire, rhinocéros). Leur peinture est minutieuse et réaliste.

Les oiseaux rallient l’arche, en pénétrant par une ouverture dans le toit. A la différence des autres animaux, ils sont représentés de manière succincte et stylisée.

 Les couleurs, utilisées pour chaque espèce d’animal, sont fidèles à la réalité. Le blanc et le fauve/marron/orange contrastent bien avec l’ocre de la terre et le vert de l’herbe.

On peut relever les notions de domestique/sauvage/exotique ; herbivore/carnivore ; oiseau/mammifère.

L’artiste insiste sur l’harmonie et la paix entre les animaux lors de l’embarquement (au premier plan, un âne et un mouton prennent le temps de brouter, preuve s’il en est), alors qu’ils devraient plutôt se manger entre eux. Il met beaucoup d’ordre et de solennité dans ce défilé dont les hommes sont quasi absents (juste une silhouette à gauche, derrière les girafes). Cette image paradisiaque ne correspond pas du tout à ce que sera l’après déluge puisque Dieu y admettra la violence de l’homme sur les animaux et entre les animaux (Gn 9, 2 – 5).

Dans le registre symbolique, on peut relever :

Le taureau/vache : image de la force, de la patience et de la fidélité.

Le cheval : il se caractérise par son ambiguïté. Noir, il est lié à la mort et à la nuit ; blanc, il peut être lunaire donc néfaste, ou solaire et céleste.

Le mouton (bélier, brebis, agneau) : pureté, obéissance, animal sacrificiel.

Le cerf, du fait de ses bois qui se renouvellent, a été comparé à l’arbre de vie, symbole de fécondité et de renaissance. Il symbolise l’âme assoiffée.

La biche : elle est l’image d’une féminité primitive.

Le lion : il évoque la majesté, la force, la suprématie. Il est l’emblème de la tribu de Juda.

L’éléphant : symbole de chasteté et de fidélité.

     – L’arche

Ressemblant à un grand bâtiment, elle est posée sur un bateau ventru, ayant la forme d’une coque de noix (contraste entre la construction géométrique et son support). La présence de nombreuses ouvertures laisse à penser qu’elle comprend plusieurs niveaux. La porte est sur le côté. Les matériaux utilisés correspondent à deux espèces de bois différents (contraste des couleurs beige/jaune/orange/marron avec l’influence de la lumière venant de la gauche).

On peu remarquer que l’artiste a choisi de réunir les deux représentations habituelles de l’arche : à la fois coffre (architecture d’une grande grange)  et à la fois bateau.

     – Noé et sa famille

On ne les voit pas. La silhouette, derrière les girafes, ne permet pas de dire s’il s’agit de Noé ou d’un membre de sa famille.

     – Dieu

Il n’est représenté en aucune manière.

     – les éléments naturels

          . la végétation : elle est composée d’un espace herbeux et de collines verdoyantes. La lumière venant de la gauche du tableau, l’artiste a utilisé des dégradés de vert (du vert très clair jusqu’au vert sombre). On remarque la présence de deux arbres, sur la droite : l’un a son feuillage caché par les nuages ; les feuilles de l’autre, petites et de couleur rouge, contrastent avec la noirceur des nuages.

Une bande de terre ocre sur laquelle marchent les animaux, complète ce paysage.

          . l’eau : elle a ici une valeur ambivalente. A gauche, les flots sont calmes et portent l’arche ; à droite, les vagues commencent à se former sous l’action du vent annonciateur du déluge.

La couleur utilisée, le blanc/bleu ciel très clair, apporte une touche de lumière entre le vert de la végétation et le gris/noir du ciel.

          . le ciel : il occupe tout le tiers supérieur du tableau et forme une masse compacte. A gauche, les nuages sont mieux mis en relief du fait de la lumière. L’imminence du déluge au-dessus de l’arche est attestée par la couleur noire ; la couleur grise donne de la profondeur au tableau ; la couleur rouge du feuillage symbolise le sang, la mort.

Le ciel est en totale opposition avec le reste du tableau : « pluie/inondation/mort » opposé à « harmonie/paix/vie ».

Le rapport au texte

Seuls sont représentés les versets 14 à 16a. L’artiste a parfaitement respecté la notion de couple de chaque espèce. Le texte n’étant pas précis quant à la nature des animaux (« bestiaux », « reptiles », « oiseaux »), Hicks a laissé libre cours à son imaginaire en représentant aussi bien des animaux domestiques que des animaux sauvages ou exotiques.

Le verset 13 n’est pas formellement imagé, mais on peut supposer que Noé et sa famille sont déjà entrés dans l’arche (selon l’ordre d’embarquement indiqué dans le texte).

Le reste du texte est mis de côté : on pressent que le déluge ne va pas tarder (nuages noirs, vent provoquant des vagues sur le côté droit de l’arche), mais tout n’est encore qu’harmonie.

VI – La théologie de l’artiste

Hicks utilise ses toiles pour faire passer ses propres convictions personnelles en matière religieuse, insistant notamment sur la paix, la tolérance et la concorde qui doivent régner entre les hommes, même si, dans cette œuvre, seuls les animaux sont représentés. Ce qui vaut pour les hommes, vaut aussi pour les animaux.

En regardant ce tableau, on peut se remémorer ce passage de la Bible (Es 11, 6 et 7) :

 «6 Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau. Le veau  et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira.

7 La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits, même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage».

Les commentaires sont fermés.